A l’occasion de l’annonce de l’annonce de la Switch 2, Olivier Mauco était invité de la matinale de France Info (France).

Disponible en audio ou retranscription écrite.

Retranscription :

Il est 6h34 sur France Info. Nintendo dévoile les premières images de la Nintendo Switch 2, sa nouvelle console de jeux qui sortira en avril. Trois questions ce matin au président de l’Observatoire Européen du Jeu Vidéo, enseignant à l’Université Paris Dauphine. Bonjour Olivier Mauco.

Bonjour.

Alors la Switch, c’est un mythe. 146 millions d’exemplaires. C’est la troisième console la plus vendue au monde. L’objectif de Nintendo, c’est d’arriver à faire aussi bien avec cette petite sœur, cette Switch 2 ?

Oui absolument. C’est d’être dans la continuité de ce qu’ils ont entrepris depuis plusieurs années, à savoir construire un écosystème de jeux très solide avec des licences fortes qui plaisent énormément à nos joueurs et qui ont confirmé les différents succès qu’ils ont depuis toutes ces années.

Alors petit indice, vous allez me dire ce que vous en pensez. Nintendo a dévissé de plus de 6% hier en bourse après la diffusion justement de ses premières images. Est-ce que c’est le signe d’une forme de déception peut-être ?

Non, c’est difficile encore à anticiper parce que c’est un lancement qui est quand même assez périlleux dans le sens où la Switch étant, comme vous l’avez dit, un succès énorme, c’est toujours difficile de faire une bascule vers quelque chose de nouveau. C’est une continuité en fait, ce n’est pas une rupture majeure a priori, mais on attend début avril pour en savoir beaucoup plus parce que c’est une annonce d’annonce là aujourd’hui.

Alors justement, c’est intéressant ce que vous dites. J’ai l’impression qu’il y a tout un management, un marketing autour de ça, un suspense aménagé.

On fait épisode par épisode. Tout ça, c’est très étudié pour faire monter justement l’envie chez les fans. Oui, c’est vrai que la stratégie de communication Nintendo est très maîtrisée. Il faut se dire que c’est quelque chose qu’ils font depuis des années en fait. Ils sont très très forts sur la communication. C’est un peu eux qui ont inventé la communication moderne du jeu vidéo. Depuis leur Nintendo Direct, ils ont l’habitude aussi d’imprimer la cadence, de donner le rythme. Et là, ils ont laissé passer les fêtes de fin d’année. C’est un moment propice aux jeux vidéo pour justement lancer la stratégie de communication autour du lancement de cette console.

Donc là, c’est vraiment le début. Ça y est, on rentre dans l’arc Switch 2 et on va avoir toutes les annonces au fur et à mesure qui vont s’égrener, notamment les annonces autour des jeux qui sont les plus attendus. Qui pourraient être lesquelles par exemple ? Est-ce que ça va être la suite des grands jeux connus ?

Animal Crossing, par exemple ?

Oui, absolument. Ce qui est sûr, c’est que Nintendo lance toujours ses consoles avec ses licences phares. Donc a minima Mario. Là, on voit déjà Mario 9 qui est quasiment annoncé officiellement avec de nouvelles fonctionnalités.

En tout cas, les joueurs s’amusent à les décoder. Et puis on aura très certainement toute la galerie de propriétaires intellectuels qu’ils ont, qui font leur succès. Zelda, jusqu’à Mario Smash Bros, jusqu’à toutes les déclinaisons qui existent.

Alors Olivier Mauco, Nintendo génère un peu plus de 90% de ses revenus grâce à sa Switch. Le succès qu’ils visent avec la Switch 2, c’est vital pour la survie du groupe ?

Disons que pour l’instant, il n’y a pas de problématique de survie pour Nintendo, tout simplement. Ils vont très bien. La difficulté toujours, c’est de remplacer un énorme succès par quelque chose de nouveau, qui n’est peut-être pas forcément si nécessaire que ça, étant donné la performance des consoles. Et donc, ils sont en logique un peu une problématique de gens en position dominante. Et avec beaucoup de moyens, c’est comment renouveler le succès et le faire perdurer surtout.

Et qu’est-ce qui fait finalement la spécificité de Nintendo par rapport à Sony, qui sont son gros concurrent sur les consoles ?

C’est quasiment deux philosophies du jeu vidéo. On a un Nintendo qui est très orienté sur du jeu social, multijoueur, et puis autour de ses licences. Depuis une vingtaine d’années, ça s’est joué dans les années 90, milieu 90.

D’ailleurs, il y a eu à un moment donné une tentative de rapprochement Sony-Nintendo autour d’une console, et notamment d’un lecteur de CD. C’est à ce moment-là que Sony s’est lancé. Et Sony a une approche, on va dire, plus d’expérience du play, plus cinématographique, grand spectacle, très blockbuster, qui fait le jeu vidéo qu’on appelle blockbuster triple A.

Et pas les mêmes prix non plus.

Disons que ce n’est pas les mêmes coûts de développement, ça c’est le premier point. Le prix final, c’est ça qui est le paradoxe. C’est-à-dire qu’un Mario ou Uncharted, au final, s’achètera quasiment le même prix pour un consommateur.

Par contre, les coûts de développement, les équipes mobilisées ne sont pas les mêmes. Donc ce n’est pas tout à fait la même façon verticale, ce n’est pas la même manière de produire du jeu vidéo.

Merci beaucoup Olivier Mauco, vous êtes président de l’Observatoire européen du jeu vidéo, et avec nous ce matin dans France Info.